A Faire La Guerre
Du bout de mon canon je vois le monde,
Défait par les croyances,
Détruit par les violences.
Dans ma mire, je n’ai d’autre ligne,
Que le défilé sombre des hommes révoltés,
Guerriers d’un autre âge,
Armés jusqu’aux dents,
Cent rebelles en naufrage
Des armées d’un autre temps.
Remplies de sang ne leur appartenant pas
Et de rage semblable à celle de l’autre camp.
Du bout de mon canon j’ai la mort facile,
Magasin bien enclenché,
Mitraille bien épaulée.
Devant, le combattant s’expose,
Malmène la femme prête à donner la vie,
Ne craignant pas les regards,
De toute sa compagnie,
Motivé par un chef,
Bercé par la victoire.
Affolante de gloire pour un village sans nom,
Qu’on abandonnera plus tard pour d’autres horizons.
Du bout de mon canon les ordres sont clairs,
Tenir la position,
Accomplir la mission.
J’ai honte d’être le spectateur inerte,
De n’avoir jamais rien d’autre à faire,
Que de sécuriser mon arme,
Ou alors inspecter,
Si mon pare-balles n’a pas froissé,
Cette tenue de combat,
Portant le blason bleuté.
ONU qu’est-ce que tu fous ?
Je suis un de tes hommes, censés faire la paix.